Plus de 200 personnes ont péri dans un glissement de terrain survenu lundi après de fortes pluies dans une zone difficile d’accès de l’Etat régional d’Ethiopie du Sud, où de l’aide humanitaire commence à être acheminée.
« Les informations fournies jusqu’à présent font état de 148 hommes et 81 femmes, soit au total 229 personnes, qui ont perdu la vie » dans cette catastrophe, a écrit dans un communiqué diffusé mardi le service de communication de la zone administrative de Gofa, où est situé le lieu du sinistre.
Ce bilan reste provisoire, les opérations de secours se poursuivant. Un précédent bilan faisant état d’environ 150 morts.
Plus tôt mardi, la radio-télévision officielle éthiopienne EBC, citant le chef de cette zone, avait indiqué que cinq survivants avaient été retrouvés, sans préciser quand.
Firaol Bekele, le directeur de la Division Alerte précoce à la Commission éthiopienne de Gestion des risques de catastrophe (EDRMC), a expliqué à l’AFP que des précipitations prolongées avaient entraîné un premier glissement de terrain, lundi matin, suivi par un deuxième qui a enseveli ceux allés porter secours aux premières victimes.
« Dimanche soir, il y a eu de fortes pluies qui ont duré longtemps… Ces fortes pluies sont la cause principale de ce glissement de terrain dévastateur », a-t-il déclaré.
« Au départ, quatre habitations ont été touchées par le (premier) glissement de terrain, ensuite de nombreuses personnes se sont mobilisées pour sauver des vies et elles ont péri quand le (nouveau) glissement de terrain les a englouties », a-t-il ajouté, précisant qu’habitants et secouristes continuaient de rechercher des survivants.
Photo publiée le 22 juillet 2024 par le département de la communication de la zone administrative de Gofa, dans le sud-ouest de l’Ethiopie, montrant des personnes sur les lieux d’un glissement de terrain
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), plus de 14.000 personnes ont été touchées dans cette région située à environ 450 kilomètres d’Addis Abeba, à environ dix heures de route.
De l’aide humanitaire a commencé à être envoyée sur place dans des camions, en particulier de la Croix-Rouge éthiopienne.
« Les agences sont prêtes à fournir des denrées essentielles, notamment de la nourriture, des articles médicaux, ainsi qu’un soutien en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène », a annoncé l’Ocha.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s’est dit mardi en fin d’après-midi « profondément attristé par la mort de nombreux citoyens dans un glissement de terrain soudain ».
– « Zone propice » –
La catastrophe s’est produite dans le Kebele (plus petite division administrative) de Kencho, situé dans le woreda (district) de Geze-Gofa, une zone rurale et vallonnée.
Ce glissement de terrain est le plus meurtrier jusqu’ici publiquement signalé en Ethiopie, le deuxième pays le plus peuplé du continent africain (120 millions d’habitants), situé dans la Corne de l’Afrique.
Un Ethiopien vivant à Nairobi, originaire d’un woreda voisin et qui n’a pas souhaité être identifié, a décrit le lieu du drame comme « rural, isolé et montagneux. Le sol là-bas n’est pas ferme, donc, quand il y a de fortes pluies, il s’affaisse immédiatement et dégringole vers le bas ».
« Les habitants de cette zone vivent en contrebas des reliefs rendus peu habitables à cause du froid », a-t-il ajouté. « Ce n’est pas la première catastrophe de ce type. L’an dernier, plus de 20 personnes ont été tuées. A chaque saison des pluies, des gens meurent à cause des glissements de terrain et des fortes pluies dans cette zone ».
« Nous savons que cette zone est propice aux glissements de terrain catastrophiques en raison de la nature de son sol », un phénomène « exacerbé par les fortes pluies, et nous avons alerté la région à ce sujet », a confirmé Firaol Bekele.
« Une analyse approfondie et une enquête scientifique sont nécessaires pour connaître la cause précise de ce glissement de terrain tragique », a-t-il ajouté.
– Glaise épaisse –
Des photos publiées par les autorités de la région de Gofa montrent une foule rassemblée au pied d’une colline herbeuse dont un large pan s’est détaché, emportant des arbres. On y voit aussi des habitants, armés de simples pelles ou houes, voire parfois à mains nues, tenter d’extraire des corps d’une épaisse couche d’un mètre d’une glaise rougeâtre et collante.
D’autres transportent des cadavres recouverts d’une bâche ou d’un drap sur des brancards bricolés avec des branches.
L’Etat régional d’Ethiopie du Sud fait partie des nombreuses zones touchées par des inondations en avril et mai en Ethiopie, pendant la « petite » saison des pluies. La « longue » saison des pluies a commencé en juin dans ce pays.
En mai 2016, 41 personnes avaient été tuées dans un glissement de terrain consécutif à de fortes pluies dans la zone administrative de Wolaita, dans le même Etat régional.
Le glissement de terrain le plus meurtrier en Afrique est une coulée de boue qui a entraîné la mort de 1.141 personnes le 14 août 2017 à Freetown, la capitale de la Sierra Leone.
Avec str-ayv/dyg/jg/dth/bds