Le vent de misère qui frappe la presse guinéenne est ressentie un peu partout en République de Guinée. A Kankan, plusieurs hommes de médias ont dû mal à subvenir à leurs besoins fondamentaux depuis quelques semaines. Et c’est face à cette situation déplorable que les responsables locaux du SPPG et de l’association des journalistes de la région sont montés au créneau pour dénoncer les dérives du pouvoir face à la presse.
Michel Pivi (secrétaire général du SPPG Kankan) et Laye Famo Condé (Président de l’AJRK), très remontés, ont pris la parole ce matin dans l’enceinte de la maison régionale de la presse. Ils ont lors de ce point de presse déploré les restrictions que subit la corporation depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir : « Je prends la parole avec le cœur très serré dans ce sens que les journalistes traversent des moments extrêmement difficiles. Depuis que les autorités de la transition se sont inscrites dans le musellement de la presse, la restriction de l’internet. Aujourd’hui, nos orteils sont aux portes de l’enfer. On a pas de revenus, on ne peut même pas supporter les charges. Pourtant, on nous dit en économie que la consommation est une fonction de revenus. Aujourd’hui, on ne peut plus payer les loyers, payer les frais de scolarité de nos enfants et par endroit, les patrons de médias nous ont laissé en plein vol » a indiqué Laye Famo Condé.
Ce n’est pas tout, le correspondant régional du Groupe Évasion dit être surpris du comportement des nouvelles autorités : « Au temps du régime défunt, certains médias ont eu des problèmes avec l’État mais jamais cela n’est arrivé jusqu’à ce niveau. Et pourtant, nous sommes dans un État de droit. Nous avons le droit de réclamer nos droits et nous serons là pour nous battre. Ce qui nous arrive est inconcevable. On brandit l’argument selon lequel nous sommes une menace pour la sécurité nationale, mais en quoi nous constituons une menace pour l’État. Je voudrais dire au président de faire très attention au péché car cela est plus dangereux que la bombe atomique. Il doit plutôt écouter la presse pour être au bain de l’actualité au lieu de combattre celle-ci. Je voudrais dire aussi que lorsqu’il était question de choisir nos représentants au niveau du CNT, le choix fût un fiasco. Lequel de nos conseillers au compte de la presse lève son petit doigt pour parler de ce que traverse la presse. On pouvait avoir mieux là-bas que ceux qui y étaient », a conclu notre confrère.
Prenant la parole, le syndicaliste Michel Pivi n’a pas fait de cadeau aux patrons de presse : « les patrons de presse n’ont pas été clairs face au syndicat alors que notre combat est celui de tout le monde. A cause des redevances de l’État non payées, beaucoup nous ont laissé dans la lutte. Mais sachez que ces combats sont menés pour le bien des journalistes. Donc, soyez à l’écoute ».
Comme à Conakry, les rares journalistes de la ville de Kankan qui étaient sous contrat avec les médias locaux peinent à obtenir leurs salaires depuis près de trois mois.
Kanké Kaba