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Procès des massacres du 28 septembre 2009 : Tibou Kamara sur ce qui s’est passé la veille des manifestations

Appelé à la barre ce lundi 12 Novembre 2023 pour apporter son témoignage sur les évènements douloureux du 28 Septembre qui ont fait plus de 150 mort et de nombreux blessés, l’ancien ministre Tibou Camara a d’abord exprimé toute sa satisfaction pour la tenue de ce procès.

Devant cette juridiction, Tibou Kamara a d’abord juré de dire tout qu’il a entendu, vu et vécu personnellement. En réponse aux premières questions du président du tribunal, l’ancien Ministre Secrétaire Général à la Présidence a fait savoir qu’il n’a aucun lien avec un accusé ou une victime et a présenté aucun lien de subordination avec les inculpés. Au cours de sa réponse, il affirme aussi ne pas avoir un portefeuille des faits.

Dans sa déposition, Tibou Kamara explique son voyage à Labé, sa version des faits du 28 Septembre 2009 et du lendemain. Il dit avoir été appelé par l’ex Président Dadis au camp Camayenne tardivement dans la soirée pour parler des manifestations, malgré de longues discussions là-dessus au téléphone au cours de son retour de Labé.

A la fin de l’échange, l’ancien ministre a avoué que Dadis était enfin d’accord d’appeler les organisateurs de la manifestation pour trouver le meilleur consensus. « C’est à sa demande, ce n’est pas moi qui avais pris l’initiative, et c’est à sa demande que j’ai appelé l’ancien Premier ministre et président de l’UFR, M. Sidya Touré. Et je précise à ce stade que et ce n’était pas la première fois que j’appelais quelqu’un pour le président Dadis. Pour ceux qui l’ont connu il utilise rarement lui-même son téléphone, son téléphone était pratiquement tout le temps fermé », a-t-il expliqué un premier temps avant de poursuivre en ces termes : « Donc j’ai appelé le président Sidya Touré, président de l’UFR et je lui ai dit ‘’ne quittez pas’’, je vous passe le président. Donc le capitaine a commencé la conversation par les civilités habituelles et ensuite il lui a dit qu’il avait 2 points sur lesquels il voulait discuter avec lui: le 1er point, la date du 28 septembre. Il lui a expliqué qu’à partir du moment que c’est une date historique, qui est réservée aux Guinéens comme étant une fête qui a permis de recouvrer la fierté, ou de célébrer la fierté recouvrée, il souhaite qu’on écarte cette date des conflits liés à des protestations, des conflits liés à des manifestations et qu’après le 28 septembre n’importe quelle date du choix des organisateurs était agréé par lui pour faire leur manifestation.

La 2ème chose qu’il a demandée, c’est de délocaliser la manifestation du 28 septembre vers le stade de Nongo. Si mes souvenirs sont bons, à cette époque, le stade du 28 septembre était en rénovation ou en tout cas accueillait des travaux en prélude à un match international. Dans tous les cas, il a souhaité que la manifestation n’ait pas lieu au stade du 28 septembre parce qu’il n’était pas approprié pour la circonstance ».

 L’ancien Ministre a aussi préciser : « M. Sidya Touré a expliqué que l’heure était un peu tardive et qu’il lui aurait été difficile à une heure aussi tardive de pouvoir discuter avec les co-organisateurs de la manifestation et les convaincre du rapport parce qu’on était qu’à quelques heures de la tenue de leur manifestation.  Et là 2ème des choses il a voulu rassurer le capitaine Dadis que la manifestation sera pacifique et que de toutes les façons ce qu’ils ont prévu dans leur programme, c’est de venir rencontrer leurs militants, prononcer un discours de circonstance et après repartir à leurs domiciles.

Le capitaine a demandé encore de reporter à une autre date ultérieure et de bien vouloir aller organiser au stade de Nongo et puis l’appel a été interrompu.

Ensuite le capitaine m’a remis le téléphone pour rappeler encore M. Sidya

Touré. Je l’ai rappelé, ils ont refait la même conversation, dans les mêmes termes face aux mêmes blocages et ensuite l’appel s’est coupé une nouvelle fois. Et quand le capitaine m’a redonné pour appeler une 3ème fois, le téléphone de M. Sidya Touré ne passait plus parce qu’il était éteint. Donc je n’ai pas voulu dire ça au capitaine, pour ne pas l’énerver, pour ne pas créer un conflit entre lui et M. Sidya Touré. Je lui ai simplement dit que le téléphone ne passe plus. Donc, on va essayer d’appeler les autres organisateurs de la manifestation et on a essayé avec d’autres numéros et par coïncidence aucun des téléphones ne passait. Finalement comme on n’arrivait plus à joindre personne, à commencer par le premier interlocuteur, moi j’ai vu le président Dadis un peu déçu de n’avoir pas trouvé un accord »

Pour terminer son intervention, Tibou Camara a enchainé en ces termes : « Je rappelle malgré cette tentative qui n’avait pas abouti, le lendemain il était question que les chefs religieux prennent la relève pour continuer les discussions avec les Forces Vives, de manière à parvenir à un consensus. C’est dans ce cadre et dans cette optique que les chefs religieux se sont rendus très tôt dans la matinée du 28 septembre pour rencontrer Jean Marie Doré et d’autres leaders à son domicile…C’était pour continuer la discussion entamé la veille et qui le 27 septembre était inachevé… », a-t-il laissé entendre…

Aïssata KABA, Maciré CONTE, Nagnouma TOURE

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