La junte militaire nigérienne veut poursuivre en justice Mohamed Bazoum pour « haute trahison » et « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger ».
Dans la soirée de dimanche, les militaires au pouvoir au Niger ont publié un communiqué. Ils annoncent leur intention de poursuivre Mohamed Bazoum en justice. « Le gouvernement nigérien a réuni, à ce jour, les preuves pour poursuivre, devant les instances nationales et internationales compétentes, le Président déchu et ses complices locaux et étrangers, pour haute trahison et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger », a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane, dans le communiqué lu à la télévision nationale. En cause, les communications du Président renversé avec des « nationaux », des « chefs d’État étrangers », et des « responsables d’organisations internationales ».
Dans le même communiqué, la junte invite l’opinion publique à « s’interroger sur la sincérité de sa prétention [du Président Bazoum, ndlr] à soutenir qu’il est séquestré, alors même que les militaires n’ont jamais investi sa résidence présidentielle et qu’il dispose encore de tous les moyens de communication ».
A quel jeu joue la junte ?
Lorsqu’on considère le moment précis où ce communiqué a été publié et la substance du message qu’il porte, on peut se demander à quel jeu joue la junte nigérienne. Quelques heures plus tôt, en effet, le Sheikh Bala Lau, chef d’Izala, le plus important mouvement salafiste du Nigeria, à la tête d’une délégation de religieux nigérians, avait rencontré le général Abdourahamane Tchiani et son Premier ministre, Ali Mahaman Lamine Zeine, à Niamey, samedi. Dans un communiqué, il indiquait que le général Tchiani « a déclaré que sa porte était ouverte pour explorer la voie de la diplomatie et de la paix afin de résoudre » la crise. Même si la partie nigérienne n’a pas confirmé officiellement cette position, on pouvait penser que c’était une lueur d’espoir quant à la résolution pacifique de la crise nigérienne. C’est pourquoi les motivations de la junte avec la publication de son dernier communiqué posent question.
Par ailleurs, par ce même communiqué, les putschistes nigériens n’ont pas manqué de critiquer, une nouvelle fois, les sanctions prises par la CEDEAO contre le pays. Selon eux, ces « sanctions illégales, inhumaines et humiliantes (…) vont jusqu’à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires » et de « fourniture en courant électrique ».
Avec afrik.com