Le Saint mois de Ramadan : As-Siyãm (Le jeûne)

Le mois de Ramadan rassemble la quasi-totalité des Guinéennes et des Guinéens. Dans ce mois, ils se fixent tous le même objectif de soumission, de privation, de recherche de la piété, de la compréhension et de l’amour de l’autre, du partage, etc.

Cet élan d’amour, d’acceptation et de partage, couronné par la Zakat, devrait être le quotidien du Guinéen pendant toute l’année, pendant toute sa vie, au regard de ses concitoyens et de toute sa nation. Le mois de Ramadan est toute une école pour le mieux-être du musulman prêt pour le partage, tant il nous mène à l’Être pieux. Cet Être pieux est décrit dans les colonnes suivantes.

  1. Définition du mois de Ramadan

Le mois de Ramadan est le mois au cours duquel Le Tout-puissant Allah (qu’Il soit exalté) a fait descendre le Saint Coran comme guide pour les gens et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Le Ramadan est le printemps du Coran, le mois espace-de-Dieu que tout musulman doit acquérir. Il est mieux de profiter de ce mois pour minimiser les péchés et faire plus ce qui est bon et profitable pour toute la société.

  • Le jeûne, une prescription divine

Dieu dit : « Ô les croyants ! On vous a prescrit as-siyãm comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété, pendant un bon nombre de jours… » (Saint Coran : II, 183-184).

Comme on le voit, le jeûne pendant le mois de Ramadan est une prescription divine qui permet au musulman de se perfectionner pour le royaume de Dieu (qu’Il soit exalté), de s’auto-contrôler dans tous les aspects de sa vie et de s’auto-guider vers un sacrifice individuel pour les autres.

  1. Le but du jeûne de Ramadan

Le but du jeûne pour le musulman, est d’atteindre la piété : « Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux d’entre vous. » (Saint Coran : XLIX, 13) Il existe beaucoup d’autres versets et hadiths sur le sujet de la piété. Il y a lieu de citer, ci-après, la traduction d’une partie du célèbre Sermon prononcé par l’Imam Ali, 4ème Khalife de l’Islam, sur la piété, à la demande d’un de ses compagnons nommé Hammun.

 « Les gens pieux sont vertueux. Ils disent la vérité. Ils s’habillent d’une façon modeste. Ils parlent sans prétention. Ils écoutent attentivement toute information éclairante et utile. Ils sont optimistes aussi bien dans l’adversité que dans la prospérité… Ils sont d’une foi inébranlable. Leur foi est solide et accompagnée de conviction… S’ils s’approchent de quelqu’un, c’est parce que ce dernier a de l’affection et de la bonté. Ils ne s’écartent de personne par vanité, ni ne se lient d’amitié avec personne pour le duper…Un homme pieux languit pour la connaissance. Il est indépendant mais modéré. Il est tout soumis lorsqu’il prie. Il reste digne même lorsqu’il est pauvre. Il fait montre de patience dans la difficulté. Il cherche toujours les moyens de subsistance légaux.

 Il est plein d’enthousiasme pour le droit chemin. Il se garde d’être avare. Il n’a pas de désirs répréhensibles. Il contrôle sa colère. Tout le monde attend de lui qu’il soit bon envers eux, et personne ne peut penser qu’il lui veuille du mal. Il parle doucement et jamais méchamment. Il ne fait rien de répréhensible. Il est calme et tranquille même en cas de perturbations. S’il est dans l’aisance, il est reconnaissant. Il ne commet pas un péché pour amour pour son ami. Il n’offense pas les autres en les insultant ou en les diffamant. Il ne fait pas tort à son voisin. Il souffre les difficultés, mais les autres n’ont rien à craindre de lui. Il s’efforce d’obtenir le salut dans l’au-delà, mais il ne nuit à personne… » (La Voie de l’éloquence, 1986).        

De tout ce qui précède, l’on peut conclure que dans sa marche évolutive, le Musulman doit avant tout tirer parti de sa force intérieure, et cela dépend la plupart du temps de deux choses : primo, sa force de volonté, secundo, sa propre conscience et sa largeur d’esprit. Pour consolider sa volonté, il doit entreprendre les pratiques nécessaires et recourir aux exercices adéquats. L’un des rôles importants et appréciables de toute école dogmatique est de transformer les hommes en des individus responsables en leur inculquant la bonne habitude de maintenir les principes et les règles d’une vie correcte, qui est le support à leur force de volonté, afin qu’ils ne succombent pas à l’égoïsme, aux passions et à la tendance à l’abandon. Observer le programme spécial de jeûne tout au long du mois de Ramadan vise à conférer à l’homme le sens de la responsabilité et le pouvoir d’une base solide pour la régulation de la vie.

  1. Le moment et la pratique du jeûne
  • À quel moment doit-on jeûner ?

Le verset qui suit enseigne qu’il est obligatoire pour tous les musulmans, hommes et femmes adultes sains d’esprit, et à condition qu’ils ne soient pas en voyage, où malades, vieillards ou infirmes, de jeûner pendant le mois de Ramadan.

 « [Ces jours sont] le mois de Ramadan au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne ! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours. Allah veut pour vous la facilité. Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidé, et afin que vous soyez reconnaissants » (Saint Coran : II, 185)

  • La pratique du jeûne

Observez le jeûne, c’est s’abstenir, pendant la journée, de manger, d’avoir des relations sexuelles, de plonger la tête dans l’eau, d’avaler de la poussière épaisse et de tous les autres actes invalidant le jeûne. Cette résistance aux passions, aux désirs éveillés et réveillés et aux forces intérieures en sommeil, et cette endurance de la faim et de la soif constituent pour le musulman un exercice d’auto-contrôle. Elles le rendent capable de tenir bon et de ne pas succomber facilement aux bas désirs, tel que le déchaînement du désir sexuel, de la colère et de l’égoïsme. Le jeûne fournit une telle occasion. Il apporte l’aide nécessaire au développement de cette résistance.

 « On vous a permis, la nuit d’as-siyãm, d’avoir des rapports avec vos femmes ; elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles. Allah sait que vous aviez clandestinement des rapports avec vos femmes. Il vous a pardonné et vous a gracié. Cohabitez avec elles, maintenant, et cherchez ce qu’Allah a prescrit en votre faveur ; mangez et buvez jusqu’à ce que se distingue, pour vous, le fil blanc de l’aube du fil noir de la nuit. Puis accomplissez le jeûne jusqu’à la nuit. Mais ne cohabitez pas avec elles pendant que vous êtes en retraite rituelle dans les mosquées. Voilà les lois d’Allah : ne vous en approchez donc pas (pour les transgresser). C’est ainsi qu’Allah expose donc aux hommes Ses enseignements, afin qu’ils deviennent pieux. » (Saint Coran : II, 187)

  1. La compensation des jours de jeûne

« … Quiconque d’entre vous est malade, en voyage, devra jeûner un nombre égal de jours. Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter qu’avec difficulté, il y a une compensation : nourrir un pauvre. Et si quelqu’un fait plus de son propre gré, c’est pour lui ; mais il est mieux pour vous de jeûner ; si vous le saviez ! »

Les musulmans doivent comprendre que le paiement de la compensation s’applique exclusivement à ceux qui, à cause d’une grave maladie chronique ou de vieillesse, ne pourraient jamais remplacer les jours de jeûne manqués. Le voyageur à destination et le malade guéri jeûnent un nombre de jours égal au nombre de jours perdus dans le Ramadan. Force est de remarquer, qu’aujourd’hui, en Guinée, la richesse et les occupations du pouvoir poussent tant de musulmans à la compensation. Pourtant, « … il est mieux pour vous de jeûner ; si vous le saviez ! » commande le Tout-puissant Allah (Qu’il soit exalté !), dans le Saint Coran. Encore une fois, et comme toujours, Allah accorde aux musulmans de Guinée une nouvelle chance de résistance aux passions, aux désirs éveillés et réveillés qui les font déborder jusqu’à la déification des valeurs matérielles et du pouvoir. Comme l’a dit le célèbre moraliste anglais, Samuel SMILES :

« Il n’importe pas à une communauté de disposer d’un territoire vaste, si elle aspire à vivre la tête haute et dans la grandeur. Il se peut qu’une nation soit grande en population et dispose d’une vaste superficie, mais soit quand même privée des conditions de la grandeur et de la perfection. Quand la morale est absente ou corrompue dans une société, c’est le chaos qui s’impose ».

Ce Ramadan 2021 a offert une nouvelle occasion divine pour corriger les travers sociaux qui minent la Guinée. Mais pour que Dieu accompagne la Guinée dans le changement, les Guinéens doivent commencer à changer d’eux-mêmes, et cela en eux, chez eux et autour d’eux.

  1. À quoi le Musulman doit-il croire ?

Qu’Allah guide nos pas pour que le musulman, de manière sincère, croit en Dieu, à ses Anges, à ses Livres, à ses Envoyés, au Dernier jour et au Destin (bien ou mal).

Croire en Dieu, exige que le musulman soit convaincu de Son existence et de Ses attributs indiqués par les 99 noms. Croire aux Anges, exige que le musulman soit convaincu de leur existence et de leur nature contraire à celle de l’homme. Croire aux Livres, exige que le musulman soit convaincu qu’ils proviennent d’Allah et non des créatures. Croire aux Envoyés (Messagers), exige que le musulman soit convaincu qu’ils sont envoyés par Allah le Tout-Haut, et qu’ils n’ont rien inventé d’eux-mêmes. Au contraire, ils ont transmis ce qu’Allah leur a ordonné de transmettre. Croire au Dernier jour, exige que le musulman soit convaincu qu’après la mort, l’homme sera ressuscité un jour dénommé le « Dernier jour » et, qu’il sera puni ou récompensé ce jour-là pour tout ce qu’il aura fait dans ce monde. Croire au Destin, exige que le musulman soit convaincu que rien n’adviendra sans la volonté de Dieu ; qu’il soit bien ou mal.

Que le Ramadan 2021, en peine pandémie du Coronavirus (Covid-19) et ceux qui vont suivre, par la grâce du Tout-Haut, apportent au Peuple martyr de Guinée ainsi qu’à toute la Umma islamique la santé, le pain, le « gagne-pain », la paix, la justice, la quiétude, l’amour et le sens du partage ! Amine ! Que Dieu fasse de la Guinée un pays réconcilié avec lui-même et phare de l’Afrique ! Amine ! Qu’Allah Le Miséricordieux et Le Très Miséricordieux, L’Omniscient et L’Omnipotent, Le Tout-puissant et Le Tout-haut tire l’humanité du Coronavirus (Codiv-19) ! Qu’Il marche devant nous pour nous guider, à côté de nous pour nous soutenir et derrière nous pour nous protéger ! Amine !

  1. La Zakat Al Fitr

 La Zakat (ou zakat) est un mot arabe traduit par « aumône légale ou l’impôt social purificateur ». Elle est le troisième des piliers de l’islam et un de ses grands fondements, comme le montrent les preuves du Coran et de la Sunna. Allah a lié la Zakat à la prière dans le Saint Coran en quatre-vingt et deux endroits, ce qui montre sa grande importance et son lien fort avec la prière. Elle fut instituée à Médine, la deuxième année de l’Hégire.

  1. Les conditions liées à la Zakat et qui doit donner ?
  • Les conditions

 La Zakat est obligatoire pour tout musulman libre. Pour l’esclave ou la/le domestique, c’est le maître qui s’en acquitte. Il faut avoir les moyens soi-même et avoir de quoi manger la veille et le jour de l’Eid, posséder un surplus de nourriture et ne pas être dans le besoin immédiatement après avoir donné la Zakat. On n’emprunte pas pour s’acquitter de la Zakat.

  • Qui doit donner la Zakat ?

C’est le Musulman qui doit la donner pour lui-même et pour ceux qui sont à sa charge : sa femme si elle est musulmane (donc ses femmes s’il est polygame et si celles-ci sont musulmanes), son domestique s’il est musulman, ses parents s’ils sont musulmans et sont dans le besoin, sa descendance (enfants, petits-enfants), etc. On peut également la donner pour le bébé qui va naître si sa femme est enceinte (sunnah).

  1. Quel est le but de la Zakat et à quel moment faut-il s’en acquitter ?

La Zakat purifie les péchés mineurs (bavardages, futilités, etc.) et comble les lacunes du jeûne. Elle permet de nourrir les pauvres et les nécessiteux. Elle est destinée uniquement aux Musulmans. Il est important de s’acquitter de la Zakat avant la prière de l’Eid Al Fitr. Donnée à l’avance, elle permet aux nécessiteux d’avoir de quoi manger le jour de la fête leur évitant ainsi l’humiliation d’être dans le besoin. Le Prophète Mohammad (SPL) a rapporté : « Epargnez leur la mendicité le jour de l’Eid ». La littérature musulmane nous enseigne que tout un débat entoure le moment idéal pour s’acquitter de la Zakat Al Fitr. Abou Hanîfa souhaite qu’on la donne au début du mois de Ramadan, parce que la Zakat Maal est autorisée à être donnée à l’avance. As Shafi’i est pour n’importe quel moment pendant le Ramadan. Pour Ahmad, on peut la donner à partir de la 2ème moitié du mois de Ramadan. Mâlik recommande de la donner la veille de l’Eid ou en allant à la prière de l’Eid (la majorité des savants partage cette recommandation). Abdoullah ibn Oumar donnait la sienne un ou deux jours avant l’Eid.

La Zakat Al Fitr doit être donnée à temps pour que le Musulman pauvre ait de quoi manger le jour de l’Eid. Si la Zakat n’est pas donnée à temps, elle reste une dette envers Allah. Il y a donc lieu de la donner le plus tôt possible, sinon elle sera considérée comme une simple aumône (sadaqa).

  1. Quelles sont la valeur et la nature de la Zakat ?

Pour chaque personne il faut un sa’a qui équivaut à quatre (4) fois la quantité que peuvent contenir deux mains d’adulte en denrées alimentaires, soit environ entre 2 et 3 kg. C’est la nourriture qui est généralement utilisée dans les pays ouest-africains pour la Zakat Al Fitr. Elle peut être aussi donnée en argent. Le montant en argent est le prix d’un sa’a (entre 2 et 3 kg) de la denrée alimentaire de base de la population. La Zakat ne peut être donnée à une personne qui ne jeûne pas ou ne prie pas, alors qu’il en est capable. Payer la Zakat en denrées alimentaires ou en argent fait affronter deux avis juridiques. Les Imams Mâlik, As Shafi’i, Ahmad et la majorité des savants soutiennent en effet que l’on ne peut donner la Zakat que sous forme de denrées alimentaires (riz, mil, sorgho, maïs, haricot blanc, etc.). D’autres comme l’Imam Abû Hanîfa, Omar ibn Al Khattab, l’Imam Bukhâri, Cheikh Al islam ibn Taymiyya permettent qu’on offre de l’argent à la place de la nourriture.

Il y a aujourd’hui, des logiciels pour calculer le montant de la Zakat à partir de l’argent liquide déposé dans les banques, les caisses d’épargne, les devises étrangères en espèces et en banque, l’or et l’argent (métal, bijoux, ustensiles…), valeur des actions, obligations, placements, autres (dépôt de garantie…), créance, etc.

La période de calcul peut être l’année lunaire pour laquelle le taux d’imposition est égal à 2,5% ou alors l’année solaire pour un taux d’imposition de 2,579%. L’argent ou les denrées alimentaires, l’important est que le pauvre ait la possibilité de se procurer de la nourriture pour l’Eid Al Fitr. Les quantités pour les denrées alimentaires à utiliser sont les suivantes : riz (2,300 kg), haricot blanc (2,060 kg), farine (1,400 kg), dattes (1,800 kg). A partir du prix des 2,300 kg de riz il est aisé de trouver la quantité en maïs, en fonio, en mil, en sorgho, etc.

Le musulman qui s’acquitte de la Zakat Al Fitr doit se souvenir que l’esprit de fête se reflète dans sa générosité envers les pauvres et les nécessiteux. A cet égard, il doit être le plus charitable que possible.

Me Alpha Oumar Savané

Professeur, Communicant, Essayiste (Écrivain)

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici