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Le Rwanda commémore le génocide dans un contexte tendu

Le génocide de 1994 au Rwanda a fait plus de 800.000 morts. Ces personnes ont été tuées sous le regard silencieux de la communauté internationale. Il s’agit alors des pires massacres de masse depuis l’Holocauste.

Depuis, un tribunal international et des tribunaux traditionnels ont jugé de nombreux génocidaires. Et les autorités rwandaises ont entamé un travail de mémoire pour panser les plaies et permettre la réconciliation entre les Hutus et les Tutsis du Rwanda, sans tomber dans le cycle de la vengeance.

Mais certains reprochent au président Paul Kagame d’instrumentaliser la mémoire du génocide à des fins politiques : pour faire taire les voix critiques.

Une utilisation du génocide pour justifier le conflit en RDC ?

L’ONG Human Rights Watch estime par exemple que certaines lois adoptées après 1994, comme la loi de 2008 sur l’idéologie du génocide, ont été « utilisées pour museler la contestation et poursuivre les détracteurs du gouvernement ».

Et puis il y a la présence des soldats rwandais dans l’est de la RDC. Officiellement pour traquer les rebelles du FDLR que Kigali accuse d’être des génocidaires. Mais l’armée rwandaise apporte aussi son soutien à des groupes rebelles dont le M23, qui sont responsables de nombreuses morts parmi les civils congolais depuis plusieurs décennies.

Pour le politologue franco-camerounais Yves Stefan Mbele, le génocide rwandais est un fait indéniable, mais rien ne justifie les morts d’aujourd’hui, pas davantage que les morts d’hier.

 « Ce n’est pas parce que certains sont morts hier qu’il faut que d’autres périssent aujourd’hui. Les Rwandais ont souffert et aujourd’hui les Congolais souffrent dans un conflit qui a déjà fait des milliers de morts », rappelle-t-il.

La tension entre le Rwanda et ses partenaires

Les relations entre le Rwanda et la Belgique, ancienne puissance coloniale, ou avec la RDC sont actuellement très tendues. Kigali a même dernièrement ordonné aux ONGs locale de décliner toute collaboration avec Bruxelles.

C’est après que le Rwanda a sommé à l’ambassadeur belge à Kigali de quitter le pays, et la Belgique avait réagi par principe de réciprocité.

L’Allemagne, dont le Rwanda était une ancienne colonie, a quant à elle annoncé la suspension provisoire de sa coopération avec Kigali en raison de la guerre dans l’est de la RDC.

Mais pour Cieren Wroms-Passman du Réseau œcuménique en Afrique centrale, il faut dissocier le génocide de 1994 et la politique actuelle. Selon lui, cette tension entre le Rwanda et certains de ses partenaires n’aura pas d’impact sur le regard que la communauté internationale porte sur les atrocités commises il y a 31 ans.

« Tout le monde a conscience que ce qu’il s’est passé au Rwanda est une tragédie surtout au regard du rôle que la communauté internationale n’a pas voulu joué. Je ne pense pas que les sanctions aient un impact quant au soutien donné au Rwanda pour résoudre son passé violent », assure-t-il.

Les commémorations qui s’ouvrent aujourd’hui au Rwanda doivent durer toute une semaine.

Auteur: Fiacre Ndayiragije

 

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