C’est devant plus de 1000 personnes dans l’emblématique Centre international conférence de Bamako que le Premier ministre de la transition, Dr Choguel Kokalla Maïga , a pris, le samedi 16 novembre, la parole pendant près de deux heures sans interruption pour étaler l’étendue du malaise qui oppose son mouvement le M5-RFP et ses alliés militaires au pouvoir au Mali depuis 2020.
« Ça fait plus de deux ans que je demande à rencontrer les militaires pour qu’on s’assoit et discute de l’avenir politique de la transition sans y parvenir », a révélé le premier ministre , Dr Choguel K Maïga, lors d’un meeting organisé par le M5-RFP ce week-end à Bamako pour commémorer la date de la libération de Kidal par l’armée , pour clarifier la situation politique et faire des proposition pour une réorientation de la transition.
Habillé en treillis militaire signe d’un combattant, le locataire de la primature n’est pas allé par le dos de la cuillère pour décrire l’ampleur de l’isolement de son gouvernement dans la prise de certaines décisions importantes. Véritable meeting de « révélations » comme il avait annoncé quelques jours avant, Dr Choguel K Maïga affirme que « Transition sensée prendre fin le 26 mars 2024 a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du Gouvernement ». Poursuivant, il informe qu’aujourd’hui encore, « il n’existe aucun débat sur la question, le Premier ministre est réduit à se contenter des rumeurs de la presse ou à une interprétation hasardeuse des faits et gestes du Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ».
L’humiliation subie par le Gouvernement lors de la création de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections refait surface. Selon le premier ministre, la création et la mise en place de cet organe faisant partie des exigences majeures du peuple malien pour la réalisation du Mali nouveau n’ont pas été respectées «Les procédures normatives ». « La mise en place de cet organe a contourné toutes les procédures normatives dans le fonctionnement d’une équipe dirigeante. Il est même étonnant que ce soit les tenants de l’ancien régime et nouveaux soutiens de la Transition qui manifestent leur satisfaction à son adoption ».
Dans la foulée, le premier ministre de la transition déplore comme un opposant le non-respect de certaines résolutions des Assises Nationales de la refondation, notamment sur le volet de réduction des partis politiques. Selon lui, les ANR avaient, expressément recommandé, par exemple, la réduction du nombre des partis politiques. En dépit de cette recommandation, révèle-t-il, « entre 2021 et 2023, en deux ans, et après les ANR, il y a eu la création avec délivrance de récépissés de cent (100) partis politiques ». Pour le premier ministre, cette pratique du ministre de l’administration territoriale est une volonté délibérée d’en ajouter à la confusion. « Plus il y en aura de partis politiques, plus il sera loisible de les manipuler », a interprété Dr Choguel K Maïga, qui a qualifié ces pratiques de véritable risque de graves reculs aussi bien politiques que sociaux. « Des pratiques que le peuple malien a ouvertement et publiquement combattues, hier seulement, sous l’ancien régime, refont surface, au galop, quand ils n’ont pas pignon sur rue aujourd’hui », a regretté le chef du gouvernement qui pense depuis la remise en cause du Pacte d’honneur scellé le 24 mai 2021, « les choses vont de mal en pis ».
« L’efficacité de l’action gouvernementale … compromise »
Pour le locataire de la primature, toutes ces pratiques constituent un ensemble de faisceaux qui « poussent les citoyens à penser et imaginer toutes sortes de scénarios, à se lancer dans toutes sortes de conjectures sur la fin de la Transition ». Il se dédouane et avertit « il est temps que le peuple malien sache à quoi s’en tenir. Tout se passe dans l’opacité totale, à l’insu du Premier ministre, j’ai le courage et l’honnêteté intellectuelle de le reconnaître tout en le déplorant vivement ». Conscient de l’isolement de son gouvernement, Dr Choguel Kokalla Maïga prévient ses alliés militaires au pouvoir « ce n’est nullement à ma personne qu’un préjudice se trouve porté. Après tout, je ne suis que l’humble serviteur d’une cause que je considère comme sacrée : la promotion d’un Mali nouveau, du Mali Kura, débarrassé des anciennes pratiques ».
Mais, il les met en garde sur les conséquences de ce dysfonctionnement sur l’efficacité de l’action gouvernementale en questionnant. « L’efficacité de l’action gouvernementale ne se trouve-t-elle pas compromise par le dysfonctionnement qui se note entre les institutions ? Et, question subsidiaire : à qui profite le dysfonctionnement ? », questionne le premier ministre, soulignant que pendant que se livre ce qui s’apparente à une guéguerre sous fonds de sourde rivalité, l’espoir s’amenuise, avec la recrudescence de l’insécurité et le manque de perspective. « Nous étions bien partis, forts de l’appui de la Nation toute entière. Nous étions modèles. Aujourd’hui, ne sommes-nous pas en passe d’être dépassés ? », affirme le locataire de la primature déclarant que le M5-RFP, allié des militaires au pouvoir, a fait preuve d’une attitude de patience stratégique et de sens de notre responsabilité devant l’Histoire. Aujourd’hui, dit-il, « cette attitude est de plus en plus assimilée à de la peur, à de l’ignorance, à l’absence de vigilance, à une mauvaise compréhension ou une analyse des propos, faits et gestes ».
A suivre
Avec Maliweb.net