Depuis environ quatre mois, les médias guinéens font face à une série de restrictions, à travers notamment le brouillage des fréquences d’un certain nombre de radios voire le piratage de ces fréquences ou même le décrochage des principales télévisions privées des différents bouquets de distribution d’images. Derrière ces restrictions, au-delà de leur illégalité, Kalil Oularé, le patron du Groupe Djoma médias, voit une volonté d’étouffer économiquement les entreprises de presse afin de les pousser vers l’extinction pure et simple.
C’est en marge de la conférence de presse organisée par l’ONG Reporters sans frontières (RSF) que le Directeur général de Djoma médias s’est exprimé. Le prétexte de la menace que les autorités ont jusqu’ici mis en avant pour justifier les restrictions imposées aux médias, Kalil Oularé n’y croit guère. « Si Djoma, FIM, Evasion et Espace étaient véritablement une menace pour le peuple de Guinée, ce n’est certainement pas sur Canal plus que ces médias représenteraient une menace. La démarche de nous retirer des bouquets, c’est simplement parce que tous les décideurs, tous les annonceurs regardent Canal plus. C’est donc une démarche qui vise à nous couper de nos ressources », estime M. Oularé.
Cet objectif sous-jacent, il insiste dessus. « Ceci donc est fait pour toucher nos portefeuilles. L’idée étant de créer dans nos entreprises une crise financière qui va nous empêcher de payer nos collaborateurs, de payer nos charges. Quand on sait qu’aujourd’hui, on n’a pas d’électricité toute la journée », rajoute-t-il en effet.
Pourtant, la démarche est à la fois injuste et illégale. Parce qu’en ce qui concerne Djoma, elle ne repose sur aucun fondement. En effet, pour ce qui est des redevances, le Directeur général du groupe assure que celui-ci paye « tous les ans à peu près 210 millions GNF à l’ARPT, soit à peu près 20 millions de GNF tous les mois pour pouvoir exercer notre métier. A ce jour, tous les montants ont été payés. Donc l’ARPT n’a aucun droit de faire ce qu’elle est en train de faire », s’insurge-t-il.
Il y aurait donc une manœuvre insidieuse de la part de ceux qui sont à la base de ces blocages. Ils ne voudraient pas assumer la responsabilité de la fermeture d’un média, mais créeraient toutes les conditions pour que les médias eux-mêmes le fassent. « On est aujourd’hui dans un contexte de destruction massif des emplois au sein de nos structures. La structure elle-même est menacée. Il faut savoir que ce qui est fait aujourd’hui n’est pas dans une volonté directe de fermeture de médias, mais dans une volonté de musellement, dans une démarche (de pousser à) l’autodestruction », conclut Kalil Oularé.
A. Makissa Diallo