On ne le dira jamais assez, en Afrique, certaines pratiques ancestrales néfastes ont la peau dure et la liste des victimes devient de plus en plus longue. C’est le cas de Massangbè Sarata Diabaté. Une jeune fille, aux dires de ses voisins, orpheline de père et de mère, mais ‘’très dynamique et dévouée’’ dont les parents, notamment son oncle paternel, voulaient à obliger de se faire exciser. Ensuite, il tenait à la donner en mariage forcé à un septuagénaire qui à l’âge de son père. La jeune fille a simplement disparu laissant sa famille dans l’angoisse.
Reportage :
« Massangbè Sarata Diabaté est-elle morte ou a-t-elle simplement fui le pays? Mais où est-elle allée ? ». Ce sont là des questions qui fusent de partout dans l’entourage de la jeune Massangbè Sarata Diabaté dont la famille tenait à faire subir l’excision avant de la faire épouser à un vieux appelé Bakari Doumbouya, un septuagénaire qui à l’âge de son père. Il s’agit des pratiques très connues et courantes en Afrique. Quant à l’excision, ses raisons sont multiples et complexes. De nombreuses communautés qui la pratiquent invoquent la tradition et la religion ou considèrent que c’est est une garantie de virginité et de fidélité.
Pour le cas particulier de Massangbè Sarata Diabaté, une voisine de sa famille, sous couvert de l’anonymat explique : « Massangbè est née devant nous ici. Elle a grandi devant nous. Elle avait déjà échappé à l’opération pour cause de maladie. La date de son excision avait été fixée et subitement elle a piqué crise de paludisme. Finalement l’opération a été reportée. Donc, elle est restée en l’état jusqu’à un âge avancé. Ces parents, notamment son oncle paternel et sa tante ont décidé de la faire exciser en 2015. Elle a fui pour aller à Kindia chez une de ses cousines. Mais malheureusement la cousine était plus déterminée que les autres membres de la famille à faire exciser Massangbè. Elle disait qu’une femme non excisée n’est pas pure, donc il faut la rendre pure à travers l’excision. Massangbè est revenue à Conakry avec sa tante. Seulement, son oncle paternel cachait une autre intention. Il s’agit de donner Massangbè Sarata qui est la fille de son défunt grand frère à un de ses amis. Mais il fallait d’abord que la future mariée soit excisée. C’est seulement ce qui retardait le mariage ».
Malgré le refus de Massangbè Sarata de se faire faire exciser, les parents sont allés la surprendre chez une de ses amies où elle avait trouvé refuge au quartier dans la Commune de Ratoma. Le même jour, en 2016 elle a été excisée.
Après les cérémonies traditionnelles de fin d’excision, les parents Massangbè Sarata ont immédiatement voulu organiser son mariage. Mais c’était sans compter sur la détermination de la fille à ne pas se soumettre à un mariage forcé et de surcroît, à un septuagénaire. Profitant d’un petit tour au marché, Massangbè Sarata n’est plus revenue au domicile de ses parents.
Dans l’entourage de la famille de Massangbè Sarata à Conakry, précisément au quartier Simbaya-Gare, la disparition de la jeune fille court sur toutes les lèvres, mais personne n’ose en parler. Parce que, estime-t-on, la fille a désobéi à ses parents et mérite par conséquent une correction. « Une fille de son âge doit être chez son mari. Massangbè Sarata a humilié son oncle ainsi que toute sa famille. Elle a transgressé les coutumes et les traditions » lance en colère la tante de fugitive.
Dans la foulée, notre reporter a échangé avec une des camarades de Massangbè Sarata. Fanta Kéita, c’est son nom, a d’abord commencé par verser des larmes avant de dire ceci: « Massangbè Sarata était ma meilleure amie. Elle est orpheline de père et de mère. C’est son oncle qui l’a élevée. Elle me disait tout. La seule chose qu’elle ne m’a pas dit c’est ce qu’elle voulait faire pour me mettre à l’abri des intentions de son père. Elle m’avait personnellement dit qu’elle préférait mourir que d’épouser le vieillard à qui ses parents veulent donner comme un objet. Elle me disait aussi que son oncle tenait à ce qu’elle épouse ce vieux parce que ce dernier est un peu riche. Son oncle a près de 75 ans et le monsieur auquel il tient à donner sa fille a aussi le même âge ».
Plus loin, Fanta K éita ajoute que jusqu’à présent, l’oncle de Massangbè Sarata tient plus que jamais à ce qu’elle épouse son ami. « Même si mon amie Fanta revient aujourd’hui, son père va réitérer son intention de l’envoyer en mariage chez son ami. Car, le père de Massangbè Sarata est au chômage depuis de longues années. Il veut profiter de ce mariage pour avoir de quoi se nourrir et nourrir sa famille. Donc, comme vous le voyez, il y a une dose de pauvreté dedans ».
Poursuivant ses enquêtes, notre reporter a fait des prouesses pour arracher quelques mots de l’oncle de Massangbè Sarata. Avec autorité, le vieux Daouda Diabaé a simplement indiqué qu’il lui est difficile de parler d’un enfant qui a désobéi à ses parents. Selon lui, l’Islam condamne vigoureusement ce genre de comportements. « N’avez-vous pas vu Abraham qui voulait égorger son fils. Son fils ne l’a jamais désobéi. C’est ce que recommande l’islam, notre religion » argue-t-il. Avant d’ajouter : « même si Massangbè Sarata revient aujourd’hui, elle ira directement sans formalité, épouser mon ami. C’est ma fille, elle doit m’obéir. Son défunt père et moi, sommes de même père. J’ai le droit de vie et de mort sur elle. Dans notre religion, un homme n’est jamais plus âgé pour épouser une fille, fut-elle plus jeune que lui. C’est à l’âge 53 ans que notre Prophète Mahomet (psl) a épousé une fille de 6 à 7 ans ».
En attendant, les parents de Massangbè Sarata continuent les recherches dans les quatre régions naturelles du pays et certains sont allés jusqu’en Côte d’Ivoire où résident quelques membres de la famille de la désormais portée disparue. Mais en vain !
Amadou Makissa Diallo