La 28e Conférence des parties des Nations unies sur le changement climatique (COP28) s’achève par un accord pour une transition « hors des énergies fossiles ». L’accord qui prévoit la sortie des énergies fossiles d’ici à 2050 est largement salué au niveau international.
Après le rejet du premier texte, la présidence émirienne de la COP28 a finalement décroché un accord après une longue nuit de négociations à Dubaï. Le texte de 21 pages évoque une « hors des énergies renouvelables » d’ici à 2050 et appelle à « accélérer les efforts au niveau mondial pour parvenir à des systèmes énergétiques à zéro émission nette, en utilisant des combustibles à zéro ou à faible teneur en carbone bien avant ou vers le milieu du siècle ». Sans précisions.
Dans le même temps, les États doivent supprimer « progressivement et dès que possible les subventions inefficaces aux combustibles fossiles qui ne permettent pas de lutter contre la pauvreté énergétique ou d’assurer des transitions équitables ». Cette proposition rejoint la stratégie du Fonds monétaire international (FMI) qui contraint les pays africains à abandonner les subventions sur les produits pétroliers. En début d’année 2023, le Cameroun a par exemple été contraint de renoncer à certaines subventions, ce qui a entrainé la hausse des prix des carburants.
Le recours aux énergies de transition
Tout en appelant à « tripler la capacité des énergies renouvelables au niveau mondial et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030 », le texte reste toutefois ambigu sur certains aspects de la transition énergétique, car pour certains pays, notamment le Sénégal, le gaz qui est une énergie fossile, est une énergie de transition. D’autres carburants bas carbone peuvent contribuer à la transition escomptée.
C’est le cas de l’hydrogène produit à partir de l’électricité propre que le secteur industriel s’attèle à développer et dont la production à grande échelle ne devrait pas commencer avant 2030. Le nucléaire, une autre énergie d’origine fossile, est également considéré comme une alternative pour limiter le réchauffement de la planète. Plusieurs pays africains veulent se lancer dans ce secteur. C’est le cas de l’Égypte, du Rwanda, du Ghana, et récemment du Mali et du Burkina Faso avec l’appui de la Russie.
Augmenter la finance climatique
Sur la question de l’adaptation, le texte appelle les pays développés parties à « réaliser pleinement et d’urgence » l’objectif de 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025. Outre le financement des « pertes et dommages » dont le fonds dédié a été définitivement adopté au début de la COP28, le texte souligne également que les besoins de financement de l’adaptation des pays en développement sont estimés à 215 et387 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, et qu’environ 4 300 milliards de dollars par an doivent être investis dans les énergies propres jusqu’en 2030, puis 5 000 milliards de dollars par an jusqu’en 2050, afin de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.
La mise en œuvre de ces propositions est nécessaire pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C « sans dépassement ou avec un dépassement limité ». Pour ce faire «il faut réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) de 43 % d’ici à 2030 et de 60 % d’ici à 2035 par rapport au niveau de 2019, et parvenir à des émissions nettes de dioxyde de carbone nulles d’ici à 2050 », peut-on lire dans le document final.
Cet accord a déjà suscité beaucoup de réactions au niveau international. La France, le Danemark, l’Union européenne (UE) et les États-Unis d’Amérique saluent tous une avancée pour l’atténuation du réchauffement de la planète à travers la sortie progressive des énergies fossiles, puisque les pays à revenus faibles défendent « le droit d’exploiter ces ressources » pour leur développement. Plusieurs réactions sont attendues sur le continent africain, notamment celle du Sénégal, ou encore de la République démocratique du Congo (RDC) qui s’apprête à exploiter ses gisements de pétrole et de gaz, y compris en plein cœur de la forêt équatoriale. Les contours de ces engagements seront sans doute précisés lors de la COP29 qu’accueillera l’Azerbaïdjan en 2024.
Avec Afrik21