Les pays occidentaux mettent régulièrement en garde contre le « piège de la dette chinoise » et lors de sa dernière visite en Afrique le mois dernier, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken n’a pas manqué d’insister sur ce sujet.
En général, cette expression suggère que la Chine accorde des prêts colossaux aux pays partenaires de l’Initiative « la Ceinture et la Route » et qu’en cas de non-remboursement, les pays débiteurs seront obligés de céder à la Chine des actifs stratégiques.
Cependant, d’après les statistiques de la Banque mondiale, à la fin de l’année 2020, les créanciers commerciaux et multilatéraux représentaient respectivement 40% et 34% de la dette extérieure publique de 82 pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur, tandis que les créanciers officiels bilatéraux représentaient 26% et la Chine moins de 10%.
Selon un rapport publié en juillet par l’ONG britannique Debt Justice, 12% de la dette extérieure des pays africains est due à des prêteurs chinois, contre 35% à des prêteurs privés occidentaux, et le taux d’intérêt moyen des prêts privés est de 5%, contre 2,7% pour les prêts des prêteurs publics et privés chinois.
En outre, puisque les dettes sont principalement réglées par des devises telles que le dollar ou l’euro, la charge réelle de remboursement augmente considérablement à mesure que la Réserve fédérale américaine relève ses taux d’intérêt et que le dollar se renforce sur le marché des changes.
Bien que la dette chinoise ne représente qu’une minorité de la dette extérieure des pays en développement, c’est la Chine qui a fait le plus d’efforts pour alléger le fardeau des débiteurs par restructuration, suspension ou allègement.
Elle est disposée à mettre en œuvre l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) du G20 pour les pays les plus pauvres et détient le plus grand montant de report recensé au sein du G20.
Lors de la réunion des coordinateurs sur la mise en œuvre des résultats de la 8e conférence ministérielle le 18 août, le conseiller d’Etat et ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a annoncé l’annulation de 23 prêts sans intérêt pour 17 pays africains qui étaient arrivés à échéance à la fin de l’année 2021.
« Les dirigeants occidentaux accusent la Chine d’être responsable des crises de la dette en Afrique, mais il s’agit d’une distraction. La vérité est que leurs propres banques, gestionnaires d’actifs et négociants en pétrole sont bien plus responsables, mais le G7 les laisse s’en tirer à bon compte« , a déclaré le 12 juillet Tim Jones, responsable des politiques publiques de Debt Justice.
Par contre, durant les deux premières décennies du XXIe siècle, la Chine a construit pour l’Afrique plus de 13.000 kilomètres de routes et de voies ferrées, plus de 80 projets électriques de grande envergure, plus de 130 centres médicaux, 45 stades et plus de 170 écoles.
Grâce à l’octroi de prêts chinois visant à combler le déficit en matière d’infrastructures, ces pays en développement peuvent générer des emplois et des revenus, ces prêts jouant un rôle de catalyseur de croissance durable et non un fardeau.
Parmi les prêts chinois accordés sur le continent africain entre 2000 et 2015, environ 40% ont été octroyés à des projets énergétiques et 30% à des infrastructures de transport, selon l’Initiative de recherche Chine-Afrique de l’Université Johns Hopkins.
Voilà pourquoi, comme l’a affirmé la directrice de cette initiative Deborah Brautigam, le récit du « piège de la dette » est un « mythe » pur et simple.
« La question du piège de la dette a toujours été une calomnie politique », a dénoncé Charles Onunaiju, directeur du Centre d’études sur la Chine basé au Nigeria, ajoutant que ce récit n’est rien d’autre qu’une distraction pour décharger l’Occident de ses responsabilités.
« Pendant longtemps, les prêteurs occidentaux n’ont pas été mis sur la sellette pour l’allègement de la dette car ils ont réussi à tromper le monde en lui faisant croire que seuls les prêteurs chinois représentaient une menace pour l’Afrique« , a rappelé Mubarak Mugabo, journaliste du Groupe Vision basé en Ouganda.
« Ils (les prêteurs occidentaux) ont cherché de meilleurs retours sur leurs capitaux et ils ont souvent trouvé ces obligations (africaines) assez intéressantes, en partie parce que les Etats africains doivent payer des niveaux élevés d’intérêts sur ces produits financiers« , a expliqué Harry Verhoeven du Centre sur la politique énergétique mondiale de l’Université de Columbia, en référence aux prêteurs occidentaux qui ont « fait grimper la dette de l’Afrique le plus rapidement ». Fin
BEIJING, 11 septembre (Xinhua)