Dans un communiqué publié dimanche 20 septembre, Mgr Vincent Coulibaly, l’archevêque de Conakry, la capitale guinéenne a dénoncé une tentative d’expropriation des terres appartenant à l’Église. Selon lui, depuis quelques semaines, des populations locales « instrumentalisées » tentent d’arracher plusieurs domaines appartenant à des instituts religieux de formation.
À Kendoumayah, à 55 km de Conakry, l’Église catholique est menacée d’expropriation, une situation qui a fait réagir l’archevêque de Conakry. Dans un communiqué publié dimanche 20 septembre, Mgr Vincent Coulibaly, s’est dit « profondément inquiet de la proportion des événements qui se déroulent actuellement à Kendoumayah, dans Coyah où, grâce à Dieu, le pire a été évité. »
Après le tumulte crée par des villageois, qui ont barricadé, dimanche 20 septembre, l’entrée et la sortie de Kendoumayah pour procéder au lotissement d’un terrain de la communauté Saint-Jean, les membres de cette communauté sont menacés d’agression physique. « Nous avons appris que demain (lundi 21 septembre NDLR) les villageois vont rentrer dans le monastère pour faire du tapage, des casses et nous agresser physiquement », a confié à La Croix Africa dimanche 20 septembre, le père Emmanuel Côme, le supérieur de la communauté Saint Jean à Kendoumayah.
Selon ce religieux, des jeunes de ce village « soutenus par des autorités administratives », tentent d’arracher de force un domaine de 5 hectares à la communauté religieuse installée depuis 1993. « Ce domaine a été acquis pour protéger le calme dans le monastère, la prière et la quiétude des séminaristes, explique le père Côme. Les jeunes demandent à nous exproprier pour y construire une gare-voiture et un marché. »
L’Église Catholique victime d’expropriation abusive depuis 1960
C’est le deuxième domaine de la communauté dans cette localité qui fait l’objet de convoitise. Depuis le 20 août, un terrain de 35 hectares lui appartenant fait l’objet d’un lotissement par des particuliers, en dépit de l’opposition et les courriers de plaintes adressées par la communauté aux autorités administratives et judiciaires. « Nous avons écrit au préfet et chaque fois que nous l’avons rencontré, il nous a dit qu’il allait donner l’ordre pour que les travaux s’arrêtent. Cela n’a jamais été fait jusqu’à la fin du lotissement », déplore le supérieur de la communauté.
« Il ne s’agit pourtant pas de faits nouveaux, rappelle l’archevêque de la capitale guinéenne dans son communiqué. En effet, depuis les années 1960, l’Église Catholique a été souvent victime de l’expropriation abusive de ses biens en beaucoup d’endroits, sur l’ensemble du territoire national. Avec les événements de ces derniers jours à Kendoumayah, on peut affirmer que les agissements du passé continuent encore aujourd’hui, bien que l’article 1 de la Constitution du 7 avril 2020 affirme que’la République de Guinée est un État laïc ’».
« Nous sommes agressés au nom de notre foi »
L’Église catholique possède 4 institutions à Kendoumayah : la communauté des Frères de Saint-Jean, ouverte en 1993, celle des Sœurs de Saint-Jean ouverte en 1995, la communauté du noviciat des Petites Sœurs de Notre-Dame-de-Guinée inaugurée en 2004, et le grand séminaire Benoît-XVI qui forment tous les prêtres du pays depuis 2008.
Aux yeux du père François Sylla, recteur de ce grand séminaire, ce sont toutes les communautés chrétiennes de la zone qui sont attaquées. « Ces derniers temps nous sommes agressés au nom de notre foi et c’est l’Église qui est menacée dans ces zones, assure-t-il. Hier (samedi NDLR) quand je revenais de chez les frères de la communauté Saint-Jean, les jeunes qui m’ont vu et compris que je suis du séminaire ont commencé à lancer des slogans du genre ’nous ne voulons pas de vous ici ’ ».
« Des personnes mal intentionnées tirent les ficelles »
Pour le père Sylla, la cohabitation pacifique avait toujours régné entre les institutions de l’Église et les populations locales. « Les anciens ont été hospitaliers, nous ont accueillis et participé à toutes nos activités, révèle-t-il. Mais depuis un certain temps il y a la montée de tensions par rapport à notre présence dans la zone. »
Dans son communiqué, Mgr Vincent Coulibaly accuse « des personnes mal intentionnées [qui] sont en train de tirer les ficelles de la discorde et cette action ne favorise nullement la quiétude et la sécurité des prêtres, religieuses et séminaristes et nos communautés installées à Kendoumayah ». L’archevêque de Conakry demande « l’arrêt des travaux de lotissement en cours à Kendoumayah mais aussi que les agissements d’un certain âge s’arrêtent, afin que la tolérance et la cohabitation religieuse, le droit et le principe de la laïcité soient respectés et appliqués pour tous les citoyens du pays. »
Source la CROIXAfrica