La Guinée se dirige inéluctablement vers une nouvelle république. Ce pays a une histoire singulière en Afrique. Cette histoire, c’est celle de toujours dicter son avenir à travers un processus des plus démocratiques qu’est le référendum.
Le 28 septembre 1958, le peuple guinéen fier et digne, disait NON à la proposition française d’intégrer la communauté franco-africaine, et le 02 octobre de la même année, le pays proclamait son indépendance. Cette position ferme a valu à la Guinée admiration et respect dans le monde surtout dans les pays du tiers-monde. Mais cette position lui a valu également des inimités pour son choix audacieux qui ouvrait sans doute la boite de pandore de la décolonisation dont le colon redoutait tant.
Se plaçant dans les traces laissées par son illustre prédécesseur, le président Ahmed Sékou Touré, l’actuel chef de l’Etat Alpha Condé invite ses compatriotes à renouer avec cette tradition démocratique le 1er mars prochain. Les guinéens sont invités à répondre à une simple équation : voulez-vous des institutions à votre image ? avec une seule réponse possible : OUI ou NON
Si le référendum est un procédé de démocratie directe par lequel l’ensemble des citoyens d’un territoire donné est appelé à exprimer une position sur une proposition qui leur est soumise, concernant « une mesure qu’une autre autorité a prise ou envisage de prendre » (Julien Laferrière).
L’histoire constitutionnelle guinéenne est marquée par une richesse et une diversité de régimes juridiques et politiques. Le pays a connu ainsi de 1958 à nos jours quatre constitutions pour trois républiques : la constitution de 1958 qui comprenait 53 articles repartis en 12 titres avait instauré un régime semi présidentiel avec un parlement monocaméral et un président élu pour un mandat de 7 renouvelable. Le 14 mai 1982, une nouvelle constitution est adoptée. C’est cette Constitution qui proclama la naissance de la deuxième République connue sous le nom de République Populaire et Révolutionnaire de Guinée. La même constitution consacre l’institutionnalisation du Parti- Etat (le parti au service de l’État). Toute l’administration (PRL, Arrondissements, régions) était démocratisée (démocratie participative) à part le sommet (le secrétariat général du Parti-État.
La constitution de 1990 appelée loi fondamentale et la constitution du 7 mai 2010, rompant avec la voie du socialisme et de la Révolution (1958, 1982), vont fixer des règles démocratiques en énonçant les principes fondamentaux que sont la République, la démocratie et le respect des Droit de l’Homme.
Cependant, contrairement à la loi fondamentale de 1990 qui a été adoptée par référendum le 23 décembre 1990, celle de 2010 a été adoptée par un organe transitoire composé de membres non élus pour un travail non avalisé par le peuple. C’est le grief principal contre l’actuelle constitution, son manque de légitimité.
En proposant une nouvelle constitution par voie référendaire le 1er mars, le président de la république contribue à rétablir d’une certaine manière à redonner au peuple guinéen sa souveraineté qui lui a été volée en 2010 par le CNT au nom d’une sortie rapide de crise sous le joug militaire. S’opposer donc à l’organisation d’un référendum est une imposture et même un crime contre le peuple. Car si le peuple permet à des hommes et femmes de parler en son nom, il n’en demeure pas moins attaché à son pouvoir absolu qui est la possibilité de décider de son système institutionnel.
Si, nous ne pouvons donc pas soutenir le président Condé dans cette démarche, qu’on ne lui mette aucun obstacle sur ce chemin glorieux de démocratie. Sur ce, j’invite le FNDC à défaut de soutenir le projet, de se ressaisir ou le cas échéant, appeler ses militants à voter NON au référendum du 1er mars.
Et je termine en disant : à l’appel du peuple vers le chemin de la démocratie, mieux vaut être du bon côté de la baraque, pour ne pas être condamné par l’histoire.
Par Alexandre Naïny
Etudiant en master II de droit, gestion des ressources humaines à l’université de Nantes-IAE Bordeaux.